Alors que Bordeaux s’apprête à fêter le vin du 23 au 26 juin, le ton était grave mardi matin. Et l’heure était au nettoyage des parcelles après le passage d’un orage de grêle d’une grande violence la veille au soir. En provenance de l’océan, il a balayé le Médoc, le Haut-Médoc, le Blayais, le Bourgeais et le Fronsadais avec des grêlons de la taille de balles de golf. Les dégâts sont disparates et encore difficiles à évaluer selon le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, mais, par endroit, les vignes ont été détruites en totalité. Tous les conseillers de la Chambre d’agriculture de Gironde sont déployés sur le territoire sinistré et une cellule de crise a été créée pour dresser un bilan détaillé. Un de plus. Il s’agit en effet du second épisode en moins d’un mois, le premier datant du 5 juin avait fait déplacer le Ministre de l’agriculture en Gironde et dans le Gers. Particulièrement touchée, la coopérative de Plaimont déplorait alors 1 000 hectares de vignes sur ses 5 300 ha qui ne pourront pas être vendangés.
Suite à ce nouvel orage, dans le Blayais, les Vignobles Gabriel & Co recensent de leur côté 150 hectares grêlés sur un total de 1 000 hectares dont 40 à 100 %. « Sur une partie des parcelles, c’est la récolte de l’année qui est par terre. Potentiellement celle aussi de 2023 car on va manquer de bois de taille pour la récolte de l’année suivante », indique Jean-François Réaud, directeur des Vignobles Gabriel & Co. Depuis trois ans, le collectif a pourtant choisi d’investir dans un système anti-grêle via une CUMA, qui repose sur une alerte en temps réelle, complémentaire au système historique. Malheureusement, reposant actuellement sur le volontariat, le maillage demeure insuffisant et trouve ses limites. De même, les Vignerons de Tutiac qui couvrent pas moins de 5 400 hectares de Blaye à Sauternes en passant par Bourg, Fronsac, le Médoc et les Graves comptabilisent des dégâts importants au nord de la Gironde. « Ce sont 30 à 50 hectolitres en moins sur le potentiel de récolte, soit 15 % à 20 % de perte alors que le millésime s’annonçait très bon qualitativement et très chargé, c’est un vrai coup de massue ! », déplore Eric Hénaux, directeur général de Tutiac.