« Nous avons eu très peur. Il s’agit d’une gelée d’hiver comme l’année dernière mais l’avancée du stade végétatif n’est pas le même. De plus, les températures sont descendues moins bas et surtout moins longtemps », analyse Jean-Marc Veuillet, directeur commercial et membre du directoire de la Compagnie de Burgondie au lendemain de l’épisode de gel qui s’est abattu sur la France le week-end dernier. Un sentiment de déjà vu, et pour cause il y a un an un gel dévastateur impactait lourdement la récolte de 2021 qui se soldait par un record historiquement bas. La nuit du dimanche 3 au lundi 4 avril a été la plus froide pour un mois d’avril depuis 1947 avec - 1,5°, laissant craindre le pire pour les cultures. Si le conditionnel reste de mise, cette fois-ci la vigne a une maturité d’une semaine à 15 jours de moins, limitant considérablement les risques de pertes.
Dans le Val de Loire, par exemple, « depuis vendredi toutes les mesures avaient été mises en œuvre, bottes de foin, bougies, éoliennes, aspersion… Les températures sont descendues de - 2° à - 4° mais le stade moyennement avancé de la vigne fait que les dégâts devraient rester limités, ce qui n’exclut pas des cas isolés durement touchés », relate-t-on à InterLoire.
Sur Bordeaux, le gel a été sévère. Sans pouvoir estimer les dégâts, la température a affiché - 6° par endroit et la lutte a duré trois nuits de suite. « Il n’y a pas une seule zone qui n’a pas gelé. Mais pour beaucoup, le travail de la taille, plus tardive, a permis de sauver certains pieds de vigne », souligne de son côté le CIVB.
Dans le Sud-Ouest, certains merlots avaient commencé à débourrer. « Il y a des dégâts de l’ordre de 0 à 80 %. C’est moins grave que l’année dernière, mais on l’estime pour l’instant à - 15 % de rendement dans le Bergeracois. Le problème majeur est qu’il s’agit de la troisième récolte de suite amputée de - 25 % à - 30 %. En trois ans, une production entière a disparu ! » s’inquiète Jean-Marc Fontaine, directeur général d’Unidor.
Enfin, certains vignobles ont été moins touchés comme dans la vallée du Rhône et le Languedoc où le vent a eu un effet protecteur contre le gel et les températures ne sont pas descendues en dessous de - 1° ou - 2°. À court terme, la météo est annoncée plus clémente mais il reste un mois avant de pouvoir souffler et les opérateurs se résignent à penser que ce type d’épisode risque de devenir régulier.