Portrait
Vincent Delozière, Directeur général de Refresco France
Il ne vend pas de marque connue. Sa spécialité, c’est l’embouteillage de boissons sans alcool pour les autres et notamment les distributeurs. Et pourtant, Vincent Delozière est à la tête d’un groupe qui pèse un demi-milliard de chiffre d’affaires dans l’Hexagone.
Pour obtenir une entrevue avec Vincent Delozière, il faut jongler au gré de ses innombrables déplacements en France et à l’étranger. Le directeur général de Refresco France passe rarement plus d’une journée par semaine à Margès, dans la Drôme, où se situe le siège de la filiale française de ce groupe néerlandais spécialisé dans le co-packing. Comme toujours, le jeune quadra se montre très ponctuel et enthousiaste. Dès qu’il s’agit de retracer l’épopée de Délifruits, entreprise qu’il a intégrée à la sortie de ses études, Vincent Delozière se montre particulièrement disert. « Quand je suis arrivé, j’avais le choix entre cette entreprise qui faisait à l’époque huit millions d’euros de chiffre d’affaires et Danone », se remémore-t-il. Son goût du challenge le pousse à privilégier Délifruits. Entré comme chef de secteur, le jeune ingénieur démontre rapidement une vraie fibre commerciale qui l’amène à gravir les échelons quatre à quatre.
De Bongrain à Refresco
« Ce qui me motive le plus, c’est de développer un business », complète-t-il. En 1999, il obtient de Jean-Noël Bongrain, PDG du groupe éponyme, auquel appartenait à l’époque Délifruits, les fonds pour créer une nouvelle ligne de conditionnement. En 2000, l’entreprise atteint 75 millions d’euros de chiffre d’affaires et Jean-Noël Bongrain propose de financer un MBA à l’EM Lyon pour permettre à son « poulain » de passer à la vitesse supérieure en termes de responsabilités. Une période chargée pour Vincent Delozière, devenu père de famille à la même période. Mais ce fan de chasse au gros gibier et de ski peut compter sur une puissance de travail hors norme et une capacité à se contenter de quelques heures de sommeil par nuit.
En 2002, Délifruits quitte le giron du groupe Bongrain pour celui de Refresco, qui offre à Vincent Delozière l’opportunité de prendre la direction commerciale et marketing de l’Europe du Sud entre 2004 et 2006. « En septembre 2006, la saturation du site de Délifruits, qui atteint 120 millions d’euros de chiffre d’affaires, nous donne l’idée de racheter d’autres usines », relate le patron de Refresco France. Pour superviser l’intégration du site de Nuits St-Georges (21), repris à Orangina-Schweppes et celui de St-Alban (42), suite au rachat du belge Sun Beverages Company, Vincent Delozière prend la direction générale des opérations en France en 2007.
Pour doper les ventes, ce petit-fils d’agriculteurs « réfractaire à la langue de bois » multiplie les investissements et les innovations. Entre 2003 et 2009, 74 millions d’euros sont consacrés à la modernisation des usines. Visionnaire, le patron pousse le développement des purs jus en PET, qui dominent aujourd’hui le marché des jus de fruits. Plus récemment, il accompagne ses équipes vers la création de soft-drinks sans conservateurs et très riches en fruits. Là encore, les distributeurs suivent.
Ces succès l’amènent à prendre, en sus de la direction générale de la France, la responsabilité commerciale de l’ensemble du groupe Refresco en 2012. Et depuis le mois de novembre 2013, il dirige une usine supplémentaire dans l’Hexagone, celle d’Emig, au Quesnoy (59). Avec cette intégration, le patron, qui avoue se montrer très exigeant avec ses équipes sur les résultats, dans un profond respect, mène une entreprise de 700 personnes qui pèse 500 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce qui le place au premier rang des co-packers français, juste devant LSDH. Une place que le patron n’a pas l’intention de céder. Son pied reste collé à l’accélérateur !
Elodie Martel