« La proximité avec les adhérents est essentielle, certaines choses ne s’apprennent que sur le terrain. » Magali Filhue, déléguée générale de Brasseurs de France

« Dynamique, humaine, dans son temps. » Lors-qu’Alicia Botti, directrice communication de Brasseurs de France, dépeint Magali Filhue, difficile de savoir si elle parle vraiment de sa déléguée générale ou plutôt de la filière brassicole dans son ensemble. « Elles se ressemblent beaucoup finalement », remarque en souriant Alicia Botti. Il est vrai qu’au vu de son parcours, tout semblait prédestiner Magali Filhue à porter la voix des 500 adhérents que compte aujourd’hui le premier syndicat des brasseurs hexagonaux.

Passionnée « de l’épi au demi »

Après avoir fait ses armes au sein de la fédération des coopératives de fruits et légumes, Magali Filhue prend la direction de la fédération française des spiritueux avant de rejoindre le monde des mousses. « J’ai toujours nourri un fort intérêt pour le secteur agricole et je trouve l’univers des boissons passionnant et convivial », résume cette personnalité joviale et épicurienne qui reconnaît pouvoir traverser Paris pour une bonne tranche de pâté en croûte. Son poste actuel s’impose donc comme une évidence puisque l’amont est particulièrement développé dans la filière brassicole, la France étant le plus gros exportateur de malt au monde. D’autant qu’avec une ouverture de brasserie par jour dans notre pays, la catégorie bières est parmi les plus vivantes et dynamiques des boissons.
Malgré tout, sa tâche qui constitue à aiguiller les adhérents (veille, réglementation, etc.) et à promouvoir la filière s’est nettement complexifiée au cours des derniers mois. Après une décennie de croissance fulgurante, le monde brassicole a été freiné dans son élan par deux années de crise sanitaire, des changements réglementaires liés à la loi Egalim, des pénuries sur l’emballage et désormais la hausse du coût de l’énergie. « L’inquiétude est très forte et il est impossible de savoir ce que nous réserve 2023, regrette Magali Filhue. Nous subissons l’inflation de manière directe et indirecte, nous avons donc sollicité l’aide de l’État. » En attendant de connaître les contours exacts des mesures prises par le gouvernement, la déléguée générale salue la réactivité des brasseurs. « Ils ont une capacité de résilience et d’adaptation remarquable, souligne-t-elle. Ils ont par exemple développé des circuits de vente à distance très efficaces pendant la crise sanitaire, qu’ils ont conservés depuis. »

Des brasseries même en vacances

Mais au-delà des nouveaux obstacles rencontrés, qui nécessitent un accompagnement renforcé des adhérents, Magali Filhue n’oublie pas son objectif de promotion de la filière. Bien au contraire, cette passionnée de tourisme régional, qui reconnaît en riant ne pouvoir s’empêcher d’aller visiter des brasseries « même pendant les vacances, au grand dam de ma famille parfois », compte bien faire connaître l’importance du maillage territorial qui existe dans l’Hexagone. « Il y a toujours une brasserie à moins de 30 km de chez vous », martèle la Bretonne d’origine. Avec près de 2 500 établissements sur le territoire désormais, il est en effet de plus en plus facile pour les Français de s’approvisionner en mousse localement. Pour Magali Filhue, la proximité des fabricants avec les consommateurs est l’une des raisons du succès de la bière ces dernières années. « Cela permet de mettre en lumière le savoir-faire du brasseur, mais aussi d’expérimenter les recettes auprès du grand public et d’avoir un retour client très rapide, explique la déléguée générale qui prend visiblement plaisir à se rendre tous les mois auprès de ses adhérents. C’est ce lien qui fait l’originalité du secteur. » Tout aussi accessible et spontanée, la pétillante Magali Filhue ressemble bel et bien à la filière qu’elle représente.