Ne comptez pas sur lui pour servir du champagne pendant les matches de la coupe du monde de rugby. Philippe Leveau, directeur général de Cordier by InVivo qui sera partenaire de l’événement, fera le job avant, après, voire à la mi-temps, mais durant 80 minutes, il sera concentré sur le terrain en fin observateur qu’il est. Ex-centre partout où il a pu jouer et ancien président du club de Limoges qu’il a dirigé pendant 12 ans, ce piqué de ballon ovale le dit sans détour : « je ne peux pas penser à autre chose quand ça joue, encore moins faire la conversation avec quelqu’un qui n’y connaît rien ! » Pour autant, dès la fin du temps réglementaire, le dirigeant retrouvera la sincère empathie qui le caractérise. Lui qui ne sait rien de son planning du lendemain, « pour être totalement disponible à l’instant présent », se fera un plaisir de converser autour d’une flûte de Dival Cotel, la nouvelle signature maison élaborée avec la Cogevi et La Goutte d’Or.

Le milliard pour 2030
« Nous sommes très fiers de lancer notre marque de champagne qui vient compléter notre offre de vins effervescents avec Café de Paris, pointe le directeur général de Cordier by InVivo. L’objectif est de constituer un portefeuille qui soit le reflet de l’ensemble des vignobles français, notamment pour performer à l’export. » De quoi renforcer, au passage, un chiffre d’affaires consolidé de 360 millions d’euros dont les objectifs ont été revus. Le milliard, d’abord annoncé pour 2025, a été reporté à 2030. Tout sauf un problème pour InVivo – 12 milliards d’euros de CA – qui conserve intactes ses ambitions dans le vin. « Il nous a fallu comprendre le fonctionnement d’un nouveau métier, de la production à la distribution, particulièrement complexe à l’échelle internationale, analyse celui qui a passé quasiment toute sa carrière dans l’industrie agroalimentaire. Pour être en capacité d’écouler des volumes importants, il faut commencer par maîtriser tous les paramètres afin de verticaliser la filière. » Telle est la raison d’être du groupe pour l’ensemble des branches dans lesquelles il investit. Le vin ne fait pas exception. Toujours est-il qu’avec 1,2 million d’hectolitres en 2022, Cordier by InVivo est passé du « mode laboratoire » à une vitesse de croisière plus conforme au paquebot coopératif qu’il entend être. Ces volumes proviennent ainsi de nombreuses unions de caves. Bien implanté dans le sud de la France, Cordier by InVivo cherche encore des relais plus au Nord. « L’Alsace et le Val de Loire manquent à l’appel mais nous y travaillons, assure Philippe Leveau. Notre discours prend parfois du temps mais ce n’est pas un problème. Ce que nous faisons, c’est pour les générations d’après. » 

Devenir une alternative de commercialisation
Pérenniser le vignoble français et « faire des producteurs des vignerons paysagistes » font partie de la fonction du dirigeant. « C’est la terre qui fait les vins et la richesse du patrimoine, pas les châteaux, tranche ce père de famille nombreuse. Tout ce plan de structuration des vignes se situe dans un projet intitulé Terra 360 pour lequel nous investissons très fortement. » Cet accompagnement des caves permet d’instaurer un dialogue essentiel afin de partager une vision commune des produits. « Je ne cesse de dire que nous devons proposer des vins délicieux et accessibles au plus grand nombre. Et nos marques sont là pour porter ce projet auprès des consommateurs. » Un défi immense pour Philippe Leveau qui apprécie l’esprit d’entreprenariat de ses équipes.
Avec Café de Paris, Mythique, Collection Privée Cordier ou encore Bonne Nouvelle, Cordier by InVivo dispose de signatures aux périmètres variés. « Le site de Café de Paris est passé de sept à onze millions de cols depuis notre arrivée il y a trois ans, se réjouit ce Parisien d’origine, bien conscient de disposer d’un nom exceptionnel pour conquérir le monde. Mythique ou Collection Privée partent de plus loin mais il faut bien comprendre que c’est là que se joue l’avenir de Cordier. Nous voulons être une alternative crédible de commercialisation pour les caves et, pour cela, nous ne comptons que sur nos propres marques. » Même si, pour transformer l’essai et décrocher le milliard, Philippe Leveau sait qu’il faudra passer par la croissance externe.