Portrait de Patrick Bouey, PDG de Maison Bouey

Auparavant faiseur de volumes, Maison Bouey se lance désormais sur le marché des grands crus. Une révolution portée par son patron.

Photo DR pour Rayon Boissons

« La prochaine étape est de s’attaquer aux grands crus. » En ce jour d’octobre 2015, Patrick Bouey nous gratifie une fois encore d’une annonce croustillante. « Cette offre est nécessaire pour continuer de se développer, notamment à l’export, explique le PDG du négoce éponyme. Nous avons les circuits de distribution et les moyens financiers de s’engager sur ce type de vins. Surtout, la demande de nos clients est réelle. »

Pragmatique, celui qui incarne la troisième génération à la tête de l’entreprise familiale marque une nouvelle fois son territoire. Car pour qui se souvient de l’histoire de Maison Bouey, du temps de Bouey et Fils, les grands crus de Bordeaux n’étaient pas vraiment son fond de commerce. Originaire de Cussac-Fort-Médoc (33), soit à quelques encablures des prestigieux châteaux de Saint-Julien, de Pauillac, de Saint-Estèphe ou de Margaux, la famille Bouey a plutôt bâti son business sur le vrac, les gros volumes et des prix attractifs. Même sous l’égide de Patrick Bouey.

Proche de ses équipes

Arrivé dans l’entreprise en 1989, il décide de passer du vrac à la bouteille mais pas d’abandonner le marché des génériques. Au contraire. « Nous avons voulu profiter de l’essor du vin en grande distribution et force est de constater que notre croissance a été très rapide », se souvient Patrick Bouey. C’est peu de le dire. Maison Bouey voit son chiffre d’affaires passer de 5 à 40 millions d’euros en l’espace de cinq ans, dont une bonne partie réalisée chez Intermarché. S’il gagne ses galons auprès des enseignes, Patrick Bouey a toutefois conscience que l’avenir de la maison familiale est ailleurs. « Lancer des produits à plus forte valeur ajoutée et se développer à l’export étaient un passage obligé. » Il va alors forcer le destin pour arriver à ses fins.

Menacé de voir son entreprise cesser son activité à cause du tracé de la future ligne à grande vitesse, Patrick Bouey va se muer en fin négociateur pour en faire l’élément déclencheur de sa nouvelle straté­gie. Les nombreux allers-retours à Paris dans le bureau du ministre des Transports de l’époque, Dominique Bussereau, vont s’avérer fructueux. Il obtient une expropriation intéressante lui permettant de financer un nouveau site dimensionné pour l’avenir. « C’était ça ou stop. Maintenant, il faut avancer », ajoute le quinquagénaire. La transformation va être spectacu­laire. Autour de lui, Patrick Bouey va ainsi rassembler de nombreux cadres séduits par le projet. Des achats au commerce en passant par le marketing ou la logistique, l’équipe n’a cessé de se renforcer avec des compétences que les résultats viennent conforter.

Dernier exemple en date avec l’arrivée de Benoît Lesueur au poste de directeur général adjoint, un ancien de Cordier Mestrezats, recruté, entre autres, pour porter l’activité des grands crus. Au sein du microcosme bordelais, Maison Bouey est au fil du temps devenue une destination particulièrement courtisée. S’il dit ne pas y attacher d’importance, Patrick Bouey se veut exigeant, cherchant à chaque fois à s’appuyer sur « un véritable spécialiste pour chacun des marchés que nous visons. »

Pour autant, nul ne peut endosser l’habit d’ambassadeur qui lui sied si bien. « Il accompagne toujours ses troupes sur le terrain, dit l’un de ses cadres. Cette proximité est précieuse dans la prise de décision en même temps que c’est un formidable argument vis-à-vis de l’extérieur. Patrick Bouey de Maison Bouey, en Chine ou en Russie, ça sonne bien. » Comme un appel du pied pour la quatrième génération...

Frédéric Guyard

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