Portrait
Ivan Menezes, Directeur général du groupe Diageo
D’origine indienne, Ivan Menezes a été promu en juillet 2013 directeur général du premier groupe mondial des spiritueux. Le nouveau « boss » de Diageo possède une grande expérience internationale pour l’aider à mieux conquérir les marchés émergents.
C’est un bel exemple de « diversité ». Depuis juillet 2013, Ivan Menezes dirige Diageo. Celui a qui été nommé au plus haut poste opérationnel du numéro un mondial des spiritueux est originaire de l’Inde ! Un profil qui tranche singulièrement avec celui de son prédécesseur, l’Anglais Paul Walsh resté 13 ans à la tête du géant britannique. Natif de Manchester, ce dernier aimait fréquenter les pubs et rêvait adolescent d’être pilote pour la Royale Air Force… « C’est un privilège de devenir directeur général de Diageo après l’exceptionnel leadership de Paul Walsh », a tenu à déclarer Ivan Menezes lors de son investiture il y a presque un an. Annonçant dans la foulée qu’il souhaitait poursuivre le travail accompli. Mais en y apportant certainement sa touche personnelle et son savoir-faire.
Si Ivan Menezes a des origines indiennes, ce diplômé d’économie et de gestion du St Stephen’s College de Delhi et de l’Institute of Management d’Ahmedabad a largement parcouru le monde. Il a quasiment travaillé sur tous les continents avec une grande fidélité au propriétaire de Johnnie Walker, J & B, Smirnoff, Gordon’s, Baileys ou encore Guinness.
Après une expérience chez Nestlé et Whirlpool, Ivan Menezes a en effet rejoint Diageo dès sa création en 1997. En 17 ans, il a accompagné de l’intérieur l’ascension d’un opérateur qui a réalisé lors de son dernier exercice 2012/2013 l’équivalent de 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour près de trois millions d’euros de profit. Le tout avec 28 000 collaborateurs.
Car Ivan Menezes n’est plus seulement un successeur. Ce « boss », qui aura 55 ans d’ici quelques semaines, vient déjà de faire ses preuves. Après la cession du scotch Whyte & Mackay, il a réussi à finaliser au cours de ce printemps la prise de contrôle de Diageo sur United Spirits, le leader indien des alcools. Les autorités britanniques de la concurrence bloquaient en effet le processus depuis des mois à cause d’une position dominante sur le whisky. Un Indien possède-t-il un avantage pour négocier avec un autre Indien ? « Le rachat de United Spirits était le bébé d’Ivan depuis le départ », ose commenter le site d’information indien Tropical Post en rappelant le début des tractations. Tout en laissant également entendre que le nouveau directeur général avait joué sa promotion sur ce dossier plutôt complexe.
Il n’empêche qu’obtenir une participation majoritaire dans United Spirits représente un joli coup pour celui qui percevrait 13 millions d’euros de rémunération annuelle, toujours selon Tropical Post. « D’ici quelques années, nous voulons réaliser jusqu’à 50 % de nos ventes grâce aux marchés émergents », annonce Ivan Menezes au quotidien britannique
The Telegraph. Diageo, qui se situe déjà à 42 % sur ce créneau, est sur la bonne voie. « Avec la croissance de la population, une nouvelle classe moyenne apparaît partout dans le monde et nous voulons la cibler », indique aussi Ivan Menezes au Telegraph. Tout en rappelant que « notre stratégie n’est pas d’inciter les gens à boire plus mais de leur permettre de boire mieux car nous souhaitons que nos clients nous fassent confiance ».
Les actionnaires de Diageo peuvent se féliciter du travail d’Ivan. Alors même que ce groupe londonien sait pratiquer la « diversité » à d’autres échelons. Comme le montre la nomination d’une femme, Deirdre Mahlan, en tant que directeur financier. Un poste qui la place comme N°2 dans la société sur le plan opérationnel.
Jean-Louis Laboissière