Portrait de Mathieu Duyck, nouveau PDG de la brasserie Duyck
Le fils de Raymond Duyck reprendra les rênes de la brasserie de Jenlain (59) le 31 janvier prochain. L’occasion d’asseoir un vaste plan de revalorisation initié il y a plus de deux ans par le représentant de la cinquième génération à la tête de la société familiale.
« Un pari fou, mais bien calculé. » C’est ainsi que Mathieu Duyck décrit l’ambitieux plan de relance sur lequel il travaille depuis déjà quatre ans au sein de la brasserie familiale. Celui qui reprendra officiellement les rênes de la société à la fin du mois espère réussir, comme les quatre générations qui l’ont précédé, à apporter sa pierre à l’édifice. Pour cela, le successeur de son père Raymond, qui quitte l’opérationnel après 40 ans de maison, a dû prendre des décisions radicales. À commencer par un repositionnement tarifaire de l’ordre de + 25 % en grande distribution.
L’emblématique bouteille de 75 cl de Jenlain ambrée est ainsi passée de 2,10 € à 2,70 € environ. Une manœuvre risquée qui a valu au représentant de la cinquième génération de Duyck un déréférencement chez Leclerc, responsable pour partie du recul à deux chiffres des ventes en volume de la brasserie ces douze derniers mois en GMS. Mais celui-ci assume. « La stratégie est bénéfique, déclare-t-il. Avant, les prix étaient trop bas et ne reflétaient pas la réalité économique du marché. Aujourd’hui, les nouveaux PVC se maintiennent et traduisent mieux ce qu’est la bière Jenlain. »
.
.
Une vision globale sur 30 voire 40 ans
Les changements ne s’arrêtent d’ailleurs pas là. Comme ses aïeux Félix et Robert Duyck l’avaient fait en 1950 en commercialisant pour la première fois de la bière dans une bouteille champenoise, le cinquième élément de la famille innove en matière de conditionnement. Les nouveaux packagings de la marque, qui célébrera ses 50 ans cette année, évoquent désormais l’univers de la brasserie à travers des photos de salariés fabriquant ou dégustant la bière, ou encore de Mathieu et Raymond Duyck réunis dans un champ de houblon. Cette mise en avant de l’esprit familial tenait à cœur au jeune entrepreneur. « Pour moi, Jenlain, ce n’est pas qu’une bière, c’est aussi un village du Nord auquel je suis attaché et où je venais jouer, enfant, dans la maison de mon grand-père, avec mon frère Laurent et ma sœur Mathilde, explique-t-il. Lorsque j’ai réalisé que les gens connaissaient la marque mais pas l’histoire et l’authenticité qui y sont associées, j’ai voulu changer ça. » Afin d’informer le grand public du passé bien réel de la famille Duyck et du savoir-faire de sa brasserie, une nouvelle stratégie de communication a été mise en place. « De nos jours, les consommateurs sont curieux, ils veulent être rassurés et en apprendre plus sur l’histoire du produit », indique-t-il.
Dans la lignée des générations qui l’ont précédé, le jeune dirigeant, qui a fait ses armes en dehors de l’affaire familiale avant d’en prendre la tête, souhaite également continuer d’innover. Dès l’année prochaine, trois nouveaux produits devraient voir le jour. Et il ne compte pas s’arrêter là. Le patron de l’établissement, qui fêtera son centenaire en 2022, annonce avoir une vision globale pour l’avenir de sa société sur 30, voire 40 ans. « Je n’aurais pas repris la brasserie s’il n’y avait pas eu un vrai projet à développer et des choses à faire », affirme Mathieu Duyck. Ses propos traduisent d’ailleurs un sentiment de responsabilité. « Je souhaite que mes équipes soient fières de travailler avec moi », confie-t-il à la fin de notre entretien. Pour illustrer l’esprit familial qui règne chez Jenlain, il raconte même le sourire aux lèvres l’embauche du fils d’un de ses employés, en contrat d’apprentissage. Le cinquième élément entend bien garder les valeurs transmises par les générations précédentes
Camille Bourigault