Portrait de Didier Onraita, président et cofondateur de day by day
Celui qui cherchait un sens à sa vie professionnelle a trouvé dans le vrac une véritable source d’épanouissement. Persuadé du bien-fondé de son modèle, Didier Onraita cherche à convaincre le plus grand nombre. Avec tact et détermination.
Trois mois qu’il n’était pas venu à Rennes (35). Depuis l’inauguration du 70e magasin day by day en décembre 2020, Didier Onraita, fondateur et coprésident de l’enseigne, n’avait pas remis les pieds dans ce qu’il considère actuellement comme l’un de ses fleurons. Mais pour préparer les futurs Ateliers du Vrac organisés, entre autres, par Rayon Boissons le 10 juin prochain, il a préféré venir nous rencontrer en Bretagne. Pour échanger avec nous, bien entendu, mais aussi pour faire le point sur le lancement de ce point de vente qui, pour la première fois, propose du frais via des concessions avec des producteurs locaux. D’emblée, le patron s’enquiert auprès du franchisé rennais des chiffres de vente et pointe, avec bienveillance, quelques points d’amélioration. Il est question d’affiches qu’il vaut mieux « encadrer avec un bois nature qu’avec du plastique » et de potagers à vendre dont il ne comprend pas que l’emballage en carton est en fait réutilisable pour planter des semis : « il faut le dire plus clairement aux clients car ça me choque qu’on puisse vendre un contenant s’il n’a pas de seconde vie. » Rien n’échappe à celui qui a créé en 2013, avec son associé et ami David Sutrat, le premier réseau de vrac en France qui compte 73 unités à date.
Gaspillage et esclavage
Il faut dire que le jeune quinqua est tout simplement obnubilé par le gaspillage et les déchets. « C’est le résultat d’une absence totale de réflexion, tranche l’ancien petit garçon qui a été élevé ainsi par souci d’économie. Comment peut-on prélever des ressources, utiliser de l’énergie et faire suer les hommes pour quelque chose qui finit à la poubelle ? Je n’ai pas peur de dire que c’est de l’esclavage dépourvu de conscience écologique. » Le ton est donné et ce n’est qu’un début. « L’alimentation produit 30 % des gaz à effet de serre et le gaspillage alimentaire est sous-estimé à 30 %, poursuit-il. Au lieu de culpabiliser les Français qui prennent l’avion une fois dans leur vie, il y a beaucoup mieux à faire pour préserver la planète. » Difficile de le contredire, même si la tâche semble titanesque. Cette cause a en tout cas sorti l’ancien consultant de l’ornière en 2011. C’est cette année-là que David Sutrat, lors de leur déjeuner hebdomadaire, l’a convaincu de concrétiser cette idée de boutique alimentaire en vrac qui dormait depuis… 2003. « Je gagnais bien ma vie mais je n’étais pas heureux sur le plan professionnel. Je voulais davantage de sens et le timing était bon pour lancer enfin le projet. » L’occasion aussi « de dépenser utilement mon argent », dit-il en montrant fièrement la doublure de sa veste qu’il vient de repriser.
Si Didier Onraita pourrait vite nous renvoyer dans les travers de nos vies respectives, il ne cherche à faire la morale à personne. « Surtout pas ! Je ne suis pas un militant car cela implique souvent la violence pour convaincre, affirme le Versaillais. Je préfère proposer un système cohérent et abouti auquel les consommateurs adhèrent parce qu’ils y croient. Passer au vrac ne peut pas se faire par défaut. Même si, après y avoir goûté, c’est impossible de faire machine arrière. » Pour preuve, les coups de fil de ses trois enfants parfois orphelins d’un day by day selon l’endroit où ils se trouvent. « Ils m’appellent pour me dire qu’il faudrait ouvrir un magasin dans telle ville », s’amuse-t-il. Ce ne sont pourtant pas les sollicitations qui manquent. Avec près de 2 000 candidatures pour 20 ouvertures en 2020, Didier Onraita prend simplement le temps de choisir les dossiers les plus engagés. « Parce que le vrac est une vocation ! » Pour qui ne l’aurait pas encore compris.