Portrait
Portrait d'Hubert de Boüard, copropriétaire du château Angélus
Au moment de présenter son 35e millésime à la tête du château Angélus, le vigneron-consultant, passionné de cinéma, est revenu pour Rayon Boissons sur son parcours qui l’a mené jusque dans les rayons des hypers via son partenariat avec Yvon Mau.
Il en est très fier. Dans Spectre, le dernier opus de James Bond, c’est autour d’une bouteille de château Angélus que Daniel Craig, vêtu d’un impeccable smoking, est en train de charmer Léa Seydoux, dont la robe de soie a fait le tour du monde. Le genre de scène qu’Hubert de Boüard apprécie doublement. Tout d’abord comme passionné de cinéma puis, bien évidemment, en tant que copropriétaire et président du conseil de surveillance du château Angélus. « Deux univers qui véhiculent beaucoup d’émotions et que je tente de rapprocher, pas seulement à travers ces placements de produits, pointe celui qui possède aussi, au moins en partie, les châteaux de Francs, La Fleur de Boüard et Bellevue. Je suis très proche du monde du cinéma et des gens qui le composent pour le vivre de l’intérieur. » Et ainsi observer le travail de tous ceux qui œuvrent à la réalisation d’un film. L’analogie avec le vin est très forte.
Au moment de la campagne des primeurs 2018, Hubert de Boüard retrace tous les détails de ce millésime. « L’inquiétude a d’abord dominé avec une situation sanitaire très compliquée, qui plus est en phase de conversion bio comme c’est le cas à Angélus. Puis l’optimisme et l’espoir sont réapparus durant l’été pour livrer des raisins gorgés de fruit et à la peau épaisse. » Le tout pour un résultat quasi inespéré à la dégustation. « Les vins offrent autant d’équilibre que de fraîcheur, poursuit-il. Et ce n’est pas seulement un grand millésime de grandes appellations. » Formidable communicant, son sens de la formule ne le quitte jamais.
Le poids de la transmission
Pour autant, le vigneron ne se consacre pas uniquement aux vignobles de prestige. Il officie auprès de 90 domaines en Gironde via sa structure Hubert de Boüard consulting. « Je prends un plaisir formidable à élaborer des vins destinés au plus grand nombre, souligne l’ami de Michel Rolland. Ce que je réalise avec Yvon Mau, je le fais avec le même allant que sur mes propriétés afin d’exprimer tout le potentiel qualitatif de Bordeaux. » Il en découle une gamme baptisée Révélations d’Hubert de Boüard qui fait
de son nom une marque désormais visible en hypers et supers. La référence à Angélus, très largement relayée par la maison de négoce pour valoriser sa gamme, ne lui pose aucun problème, bien au contraire. « Je continue à représenter la propriété même si l’opérationnel est désormais entre les mains de ma fille Stéphanie, précise ce père de quatre enfants pour qui la transmission est essentielle. Coralie et Matthieu œuvrent, entre autres, à La Fleur de Boüard, tandis que Quentin poursuit son apprentissage avant certainement de nous rejoindre. »
Pour le rôle d’ambassadeur, la place est déjà prise. S’il incarne à ce point Angélus, c’est aussi parce qu’Hubert de Boüard y a démarré en 1963, à l’âge de 7 ans, « le jour où mon père m’a offert mon premier sécateur pour aller tailler avec les vignerons d’Angélus ». Il poursuivra à la faculté d’œnologie de Bordeaux où ses professeurs s’appellent Emile Peynaud ou Pascal Ribereau-Gayon.
Diplôme en poche, c’est entre sa terre natale et la Bourgogne qu’il fait ses armes avant de revenir à la propriété familiale. Un séjour bourguignon qui le poursuit encore aujourd’hui. « Mon épouse est une grande amatrice de bourgognes et je dois parfois batailler pour servir Angélus à la table dominicale », s’amuse celui qui a planté du chardonnay et du pinot noir à Bordeaux. S’il cherche des convives…
Frédéric Guyard