Loïc Couilloud, PDG de Maison Routin-1883
L’homme d’affaires basé dans le bassin chambérien porte un projet ambitieux : faire de Maison Routin-1883 un sirupier français de renom, doté d’une envergure internationale tout en respectant au mieux les ressources. Un véritable défi.
Il en est très fier. Sur le site de Maison Routin-1883, situé à La Motte Servolex (73), trône flambant neuf le Drink Design Center. Sorti de terre en ce début d’année, le bâtiment sera officiellement inauguré à la fin du mois de septembre. « Il s’agit d’un lieu de formation des barmen et des baristas, en présentiel ou en live, présente Loïc Couilloud, le président-directeur général de Maison Routin-1883 depuis quatre ans. Nous voulons faire de ce lieu le chef de file autour du métier et de l’art du sirop. » À l’instar de la gastro-nomie française mondialement reconnue, le quinquagénaire qui a effectué sa carrière dans diverses entreprises agroalimentaires revendique le savoir-faire tricolore quant aux boissons diluables. « Chez Maison Routin-1883, nous avons même inventé et déposé le terme de sironomie », s’enthousiasme Loïc Couilloud. L’ancien PDG de Fauchon Paris accorde d’ailleurs une importance toute particulière à la qualité des ingrédients utilisés dans les recettes. « C’est la base pour obtenir un résultat optimal », confirme-t-il. En la matière, l’entreprise savoyarde a beaucoup d’atouts à faire valoir. À commencer par l’eau, indispensable à la réalisation de toute boisson, qui provient du bassin chambérien et affiche une composition ainsi qu’un goût constants.
Pureté, justesse et intensité
Mais pas seulement ! La formulation des parfums bénéficie aussi d’une approche inédite orchestrée par Marine Temporal, directrice R & D, qualité et RSE de Maison Routin-1883. Celle-ci s’appuie en effet sur un laboratoire d’analyse sensorielle créé dès 1987. Soit le premier du genre en Europe dans le domaine des sirops. « 15 experts issus de différents services de la société ont été formés pendant trois ans à identifier 70 molécules. Nous nous réunissons chaque semaine afin de nous entraîner et de nous tester », avance Marine Temporal. Une méthode qui permet à la PME de confectionner ses propres assemblages d’arômes. « Le sirop est une sorte d’art culinaire, ajoute Loïc Couilloud. N’avoir qu’un seul site de production est un avantage car cela nous permet d’offrir des produits réguliers sur le plan qualitatif. » La marque 1883, présente dans 82 pays, connaît d’ailleurs une progression fulgurante quand l’offre signée Carambar reçoit un excellent accueil de la part de la distribution. « La référence cola est déjà en rupture », précise Loïc Couilloud.
Ce père de trois enfants, lui-même consommateur de sirops, a entamé bien d’autres chantiers pour pousser Maison Routin-1883, en France comme à l’international. Dernier en date : le rachat de l’entité drômoise Eyguebelle, dont le financement est corrélé à des objectifs RSE. « Le nouveau groupe embouteille 36 millions de litres par an, commente le dirigeant. Nous avons un plan d’investissement de plus de deux millions d’euros sur le site de Valaurie (26) en 2022 et nous prévoyons de passer d’un chiffre d’affaires de 52 millions d’euros en 2018 à 100 millions d’euros en 2023. » De quoi franchir un cap de taille dans le monde des sirops et amorcer une stratégie portée par des signatures régionales fortes. « Les Français ont besoin de connaître l’origine des produits qu’ils consomment, explique le PDG. D’où la nécessité de développer des marques expertes en local qui viendront dynamiser le rayon. » D’autres acquisitions vont ainsi être finalisées dans les mois à venir. Malgré tout, Loïc Couilloud sait rester humble. « Nous avons accéléré certaines choses, mieux exécuté d’autres mais nous avons surtout reçu un bel héritage des frères Clochet lorsqu’ils ont quitté l’entreprise Routin en 2012 », conclut-il.