Portrait
Gert-Jan Van Arkel, directeur général de Wineforces
C’est à Arradon, en plein cœur du golfe du Morbihan, que ce Hollandais a posé ses valises il y a 15 ans. Loin des vignes et proche de l’eau, cette situation singulière ne l’empêche pas de peser 10 millions de bouteilles de vin dans le monde.
« Vous avez vu, les vignes ont résisté au gel ! » Gert-Jan van Arkel, directeur général de Wineforces, est fier de nous montrer les pieds qu’il a plantés devant ses bureaux dont les murs sont bardés de liège. Jusque-là rien de plus classique quand Rayon Boissons se rend chez un acteur du vin. À la différence près que la rencontre a lieu à… Arradon (56), au beau milieu du golfe du Morbihan. Un lieu aussi magique qu’éloigné des premières « vraies » parcelles situées à plus de 100 km dans le Muscadet. Seulement voilà. Après y avoir passé de très nombreuses vacances durant sa jeunesse, c’est là que ce Hollandais a décidé de s’installer il y a 15 ans. C’était peu avant de se lancer dans l’aventure de Wineforces avec son associé Joᾶo Fernando Oliveira, autrement appelé John. « L’entreprise vendait principalement des vins portugais aux États-Unis et souhaitait se développer avec des produits du monde entier, se souvient-il. Quitte à parcourir la Terre, autant s’offrir un cadre de vie privée qui convienne à toute la famille. » C’est donc sur les rives de cette mer intérieure aux multiples îles et îlots qu’il hisse pavillon avec son épouse, française, et leurs deux enfants. Un décor de carte postale que Gert-Jan van Arkel considère notamment comme « inspirant ». Véritable marketeur, celui qui a participé aux lancements de Jean Balmont ou de Boire et Manger au sein de Vinival est obnubilé par la conso mondiale du vin.
Le grand saut de Tussock Jumper
En 2009, il part ainsi en Nouvelle-Zélande à la conquête de sauvignon et en reviendra surtoutavec une étiquette. Au-delà du sourcing, il tombe en effet sur une petite affaire locale qui possède quelques griffes endormies. Parmi elles se trouve Tussock Jumper dont le visuel du mouton paré d’un pull-over le séduit immédiatement. « Les trois fondements d’une marque sont le produit, le marketing et les consommateurs, sachant que le second fait le lien entre les deux autres, explique celui qui a aussi contribué au projet Chamarré. C’était la force de Tussock Jumper. » Avec John –disparu depuis et dont le fils a repris le flambeau–, la décision de racheter la signature ne tarde pas. « Le nom est à double sens, explique Gert-Jan van Arkel. Tussock correspond aux touffes d’herbe sur lesquelles le berger saute pour diriger son troupeau. Cela signifie également pull en laine. » Un vêtement qui devient rapidement le gimmick de la marque.
À chaque origine un cépage emblématique et un animal phare, toujours habillé ! « C’est l’élément identitaire de Tussock Jumper dont l’objectif est de faire découvrir le vin aux jeunes consommateurs avec un discours original, argumente le tout nouveau sexagénaire. Nous faisons même parler le mouton néo-zélandais, le panda australien ou le rhinocéros sud-africain via la réalité augmentée. » Ceci avec des vins que le wine-trotter se charge lui-même d’aller chercher, aussi fin dégustateur que lecteur de fiches analytiques. Le succès commercial est au rendez-vous avec plus de cinq millions de bouteilles vendues à travers le monde. Jamais rassasié, cet amateur d’huîtres a parallèlement développé d’autres signatures, pour le coup directement en lien avec son lieu de résidence. Seaside, qui compte un vinho verde portugais pour accompagner les fruits de mer, et Borrasca, en référence aux tempêtes sur le littoral, pèsent chacune près de trois millions de cols. Borrasca lui permet en outre de se positionner sur les bulles et d’étendre ainsi son champ d’action. « Sur les appellations cava et prosecco, en blanc et en rosé, parce que ce sont les plus demandées sur la planète vin », conclut Gert-Jan van Arkel. S’il avoue ne pas goûter à la navigation, il sait parfaitement définir le cap de Wineforces.