François Dauvergne et Jean-François Ranvier, duo et débats dans le vignoble rhodanien
« On s’est dit que l’association d’un technicien et d’un commercial, ça pouvait fonctionner ! » François Dauvergne et Jean-François Ranvier évoquent la formation de leur duo avec ce trait d’humour. En 2004, les deux camarades, poussés par l’envie d’entreprendre et de se challenger, ont créé Dauvergne et Ranvier, une société de négoce ultra-légère, sans chais, ni caves, ni stockage. L’une des toutes premières start-up viticoles de la vallée du Rhône. Cet esprit pionnier et avant-gardiste jalonne le parcours des deux quinquas. Très tôt, ils ont ainsi pris le parti du bio. 80 % de leurs volumes reposent aujourd’hui sur le label. Ce sera 100 % d’ici quatre ans. Cette année, le tandem, qui vient de recruter un jeune œnologue et un commercial, lance une gamme de vins de France à base de variétés résistantes. Intitulée Libération, elle trône déjà dans la salle d’accueil de leurs nouveaux locaux.
Une quarantaine de partenaires
Car les deux entrepreneurs, qui ont démarré sans un sou en poche, sont longtemps restés locataires. Hébergés par un vigneron de la rive droite du Rhône, ils ont emménagé en 2019 dans une ancienne cave située sur les hauteurs du village de Tavel (30) qu’ils ont rachetée et façonnée à leur image. Le bâtiment, en bois et en béton brut, s’ouvre sur l’extérieur grâce à ses nombreuses baies vitrées, offrant une vue imprenable sur le vignoble tavelois. « Même notre laboratoire est visible », sourit Jean-François Ranvier, qui a en charge le sourcing et le suivi de la quarantaine de vignerons partenaires. « Nous voulions aussi que notre site s’intègre dans le paysage », renchérit François Dauvergne, qui s’occupe du commerce et du marketing ainsi que de la gestion globale de la structure. Et d’ajouter : « Cette installation marque une étape importante. C’est l’aboutissement des efforts que nous avons conduits pour bâtir une société que nous voulions solide. » Chaque euro gagné a toujours été réinvesti dans le développement de cette dernière. Un point sur lequel les deux hommes, qui échangent et débattent à l’envi, se sont toujours entendus.
Une marque démocratique et reconnaissable
Le choix de Tavel n’est d’ailleurs pas anodin. François Dauvergne a débuté sa carrière à la cave coopérative du cru. Jean-François Ranvier est un enfant du terroir dont il a conservé l’accent chantant. Ils y ont, en outre, fait l’acquisition du domaine des Muretins en 2013. « C’est une appellation qui revient sur le devant de la scène, observent-ils. Nous aimons être à l’avant-poste de ce qui est novateur. » Ici, ils élèvent une partie de leurs vins et réalisent les assemblages de leurs cuvées à quatre mains. Aujourd’hui, ils commercialisent une vingtaine d’appellations de la vallée du Rhône, soit deux millions de cols. La grande distribution, avec laquelle ils ont démarré leur aventure, génère la moitié de l’activité. « Bon nombre de décideurs de ce secteur ont connu un parcours similaire au nôtre, souligne François Dauvergne. Ils nous ont donné notre chance. »
Une bonne partie de leur succès réside dans la qualité de leurs jus, toujours tirés à quatre épingles, et dans leur vision aguerrie du marché. « Nous voulions une marque démocratique, reconnaissable et rassurante », expose Jean-François Ranvier. Après avoir phosphoré sur des noms de signatures impersonnelles, ils ont fini par apposer leurs initiales respectives sur leurs étiquettes. « C’est un engagement beaucoup plus fort », souligne François Dauvergne. L’an prochain, Dauvergne et Ranvier fêteront leur vingtième anniversaire. « Nous avons institutionnalisé le fait de ne pas être d’accord », sourient-ils. Le duo carbure aussi à l’humour.