Eric Brousse, Président directeur général de Gabriel Meffre
Eric Brousse ne s’est jamais éloigné de sa Provence natale. Né à Marseille, fils d’importateur d’agrumes et de fruits secs – la société Brousse-Vergès est aujourd’hui dirigée par son frère Stéphan -, le chef d’entreprises de 59 ans a toujours vécu à Villeneuve-lès-Avignon dans le Gard. « Sauf que professionnellement, j’ai assez peu travaillé dans ma région d’origine, précise Eric Brousse. Venir désormais tous les jours au bureau à Gigondas me procure un immense plaisir. »
Au printemps 2009, Eric Brousse a sauté sur l’occasion pour acquérir la maison Gabriel Meffre. Une société qu’il suivait depuis de nombreuses années. « Je me souviens de l’avoir visité en 1985 lorsque je travaillais pour le groupe Casino, explique ce fervent supporter de l’OM. J’ai même tenté de l’acheter une première fois en 2001 mais les discussions n’ont pas abouti. »
Huit ans plus tard, il trouve la bonne formule en s’associant avec Jean-Claude Boisset à travers le holding Varnier Finances. « Dans les années 80, nous faisions partie tous les deux d’un petit groupe de négociants qui se rencontraient de manière informelle, se souvient Eric Brousse. Je lui ai aussi revendu la filiale américaine de Marie Brizard en 2003. » Les deux hommes d’affaires se sont mis d’accord pour réunir les entités rhodaniennes de Boisset à de Meffre.
En quelques mois, Eric Brousse a complètement réorganisé l’entreprise en fermant le site de Du Peloux à Courthezon (84) et en optimisant l’unité de Gigondas qui tourne désormais à plein régime. « Avec un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros et près de 22 millions de cols vendus, l’entreprise est sur de bons rails, précise Eric Brousse. Mais il est important de rappeler que nous bénéficions aussi du bon travail réalisé par l’équipe précédente notamment sur le développement de marques comme Fat Bastard. »
En plus de 25 ans de carrière, cet ingénieur agronome de formation a fait preuve d’une activité débordante dans l’univers des boissons à commencer pour le groupe Casino où il dirigea entre autres la filiale des Chais Beaucairois. « Une entreprise que j’ai rachetée en 2003 pour le compte de Marie Brizard. » Neuf ans plus tôt il quitta le distributeur stéphanois pour diriger le groupe Val d’Orbieu entre 1994 et 2001. « Une aventure formidable durant laquelle le groupe avait pris une belle dimension avec les acquisitions de Listel, Pradel ou encore Cordier Mestrezat », se rappelle le PDG de Gabriel Meffre.
Mais l’envie de changer d’air le pousse à travailler pour le fonds d’investissement Duke Street Capital. « Dans ma carrière professionnelle, j’ai eu la chance de travailler pour des actionnaires très différents, commente Eric Brousse. Je suis passé d’un actionnariat familial, puis de coopérateurs pour finir avec un fonds d’investissement. Une expérience très enrichissante. »
Il conseille Duke Street jusqu’en 2009
Début 2002, l’investisseur britannique lui donne les coudées franches pour relancer la société Marie Brizard. En trois ans, il redresse la barre en restructurant l’outil de production, en cédant la Sorevi à Patriarche et en rachetant les marques de spiritueux de Bernard Magrez dont la pépite William Peel. En 2006, Duke Street Capital et Eric Brousse, qui est aussi devenu actionnaire de la société girondine, revendent Marie Brizard à Belvédère réalisant au passage une jolie plus value. Suite à cette expérience, l’homme d’affaires marseillais continuera à conseiller le fonds britannique. Il interviendra notamment lors de la vente du fabricant de boissons gazeuses l’Abeille au groupe LSDH en septembre 2009.
Homme de dossiers avisé, Eric Brousse est reconnu également pour sa qualité de meneur d’hommes. « Il a cette capacité à fédérer l’ensemble du personnel autour de lui, souligne un ancien collaborateur. De plus, il connaît bien le commerce ce qui le rend très légitime. » L’intéressé ne cache pas en effet son intérêt pour le management. « Je reste en contact avec la plupart de mes anciens collaborateurs, reconnaît Eric Brousse avec une certaine fierté. Aujourd’hui, je suis entouré d’une jeune équipe très compétente avec laquelle je m’éclate. » A près de 60 ans, Eric Brousse envisage toutefois de prendre du recul et de laisser la partie opérationnelle à son directeur général-adjoint Etienne Maffre. Histoire de profiter un peu plus de sa Provence natale.
Yves Denjean