Carlos Brito, PDG d'Anheuser-Bush Inbev

Carlos Brito est un homme discret. Et pourtant en quelques années, il a secoué le marché brassicole. En novembre dernier, ce Brésilien de 49 ans, alors PDG de la brasserie belgo-brésilienne Inbev (Leffe, Stella Artois, Brahma), a posé 52 milliards de dollars sur la table pour acheter l’Américain Anheuser-Bush (Budweiser). Au final, il a donné naissance à AB-Inbev, un leader mondial auquel aucun amateur de bière ne peut échapper.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe, aux Etats-Unis bien sûr mais aussi en Europe. Les plus importants journaux et revues économiques de la planète commencent à s’intéresser à ce patron brésilien. D’autant plus que Carlos Brito s’est illustré comme un négociateur de talent. Il a réussi à convaincre d’une part les actionnaires de la famille Bush de vendre une icône du capitalisme « made in USA » et, d’autre part, la population de Saint Louis dans le Missouri, le siège de la brasserie. Le tout avec l’aval de la Maison Blanche et du candidat à la présidentielle Obama. Chapeau !

Pour beaucoup, ce rapprochement gigantesque entre Inbev et Anheuser-Bush est le résultat d’une ambition démesurée et d’une détermination sans faille. Issu de la classe moyenne de Rio de Janeiro, Carlos Brito a d’abord obtenu un diplôme d’ingénieur en génie mécanique à l’université de Rio avant d’effectuer un MBA dans la très sélect université de Stanford aux Etats-Unis. Après un bref passage dans les industries automobiles et pétrolières, il débarque à l’âge de 29 ans chez le fabricant brésilien de bières et de soft-drinks, Ambev. Pendant quinze ans, il occupe des postes clés, du service de la finance à celui, très opérationnel, des ventes. Finalement, le dynamisme et l’agressivité de cet homme d’affaires l’ont rapidement propulsé au sommet. Du poste de directeur général d’Ambev en janvier 2004, seulement cinq petites années lui ont suffi pour dresser un géant sur le marché de la bière. Avec un quart de la production mondiale, soit 450 millions d’hectolitres et 36 milliards de dollars de chiffre d’affaires, il devance largement son poursuivant, le Sud-Africain SAB-Miller qui s’arrête à 216 millions d’hectolitres et 21 milliards de dollars.

Carlos Brito a désormais un rêve : faire de AB-Inbev « la meilleure brasserie dans un monde meilleur ». En clair, être au top tant sur la qualité des produits qu’au niveau de l’efficacité économique du groupe. Pour y parvenir, cet homme marié et père de quatre enfants ne connaît qu’une seule recette : une bonne dose de rigueur et une pincée de « cost-killing ». Carlos Brito dirige son empire avec pragmatisme et fermeté sur un modèle bien rodé de méritocratie. Un style de management qui en fait un patron aussi admiré que redouté.

2,25 milliards d’économies

Ses collaborateurs lui reconnaissent aisément son acharnement à réduire les coûts. Depuis la création d’AB-Inbev, l’homme a annoncé 2,25 milliards de dollars d’économies et la cessation de sept milliards d’actifs dans le monde. De quoi faire trembler les 120 000 salariés de AB-Inbev, répartis sur une trentaine de pays du globe. Car Carlos Brito n’en est pas à son coup d’essai pour booster les performances du groupe. Fin 2004, alors qu’il n’était encore que président de la zone nord américaine de Inbev, il s’est permis de fermer deux usines de la filiale Labatt USA tout en annonçant une croissance à deux chiffres de la rentabilité dans une conjoncture plutôt difficile. Pareil fait d’arme n’a pas laissé insensible le conseil d’administration qui le propulsa dès 2005 au poste de directeur général du groupe. Dans l’espoir que le Brésilien parvienne à donner à Inbev le coup d’accélérateur nécessaire pour parer le ralentissement d’activité du marché brassicole. Promesses tenues trois ans plus tard, avec la création d’AB-Inbev.

Désormais, les amateurs de mousses n’échapperont pas à l’omniprésence du premier brasseur mondial. Aujourd’hui ce sont près d’une bière sur deux, parmi le top ten des marques les plus vendues dans le monde, qui appartiennent à AB-Inbev. Plus de 200 bières composent le portefeuille du groupe. Les plus diffusées à l’international comme Budweiser, Stella Artois ou Beck's côtoient les « premiums » du groupe, à l’instar de Leffe et Hoogarden, ou encore les « perles locales » telles que Brahma au Brésil ou Jupiler en Belgique.

Pour gérer cette multinationale écartelée entre l’Europe, les Etats-Unis et le Brésil, Brito a trouvé sa solution. Il partage un bureau unique, en vis-à-vis avec les grosses têtes du comité exécutif dans le centre névralgique du groupe à Louvain en Belgique. « Quoi de mieux pour parvenir à mener deux réunions en même temps que de s’asseoir tous à la même table ? » explique-t-il aux étudiants de la Stanford University School Business. Cette configuration permanente autour de sa garde rapprochée est censée lui apporter la réactivité nécessaire au pilotage de son navire. Qu’on se le dise, Carlos Brito est « impatient de mettre à profit les forces opérationnelles et culturelles » de l’imposante AB-Inbev.

Léa Lesurf

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