Ruptures : des centaines de millions d’euros perdus au rayon liquides en un an
Un peu plus d’un an après le début de la pandémie, NielsenIQ dresse le bilan de ce qu’ont coûté les ruptures en GMS. Les boissons font partie des catégories les plus touchées avec une perte de plus de 200 millions d’euros rien que pour les bières. Explications.
2,5 milliards d’euros ! C’est le chiffre d’affaires net perdu en grande distribution en raison des ruptures sur 12 mois arrêtés au 28 février 2021 selon NielsenIQ. Un énorme manque à gagner pour les distributeurs qui a été décuplé par la crise sanitaire et la ruée des Français en magasins afin de stocker. À l’évocation de ce phénomène, nombreux sont ceux qui se souviennent des linéaires de papier toilette totalement dénudés à la veille du premier confinement. Il est effectivement à l’origine de 85 millions d’euros de pertes.
Mais au rang des rayons dégarnis, on retrouve, bien loin devant, la bière, boisson la plus touchée en valeur avec 209 millions d’euros de ventes ratées et un taux de rupture de 7 %. La catégorie a en effet connu un fort engouement durant le confinement, avec des sorties en croissance à deux chiffres, bénéficiant d’un report de consommation en raison de la fermeture des établissements hors domiciles. En parallèle, certaines brasseries situées dans les régions les plus touchées par le virus avaient dû freiner leur production, à l’image de Kronenbourg.
Toutefois, la bière n’est pas la seule catégorie des liquides à avoir rencontré ce problème. Les boissons gazeuses ont elles aussi manqué de nombreuses occasions avec 119 millions d’euros perdus et un taux de rupture presque aussi important que la mousse à 6,9 %.
Une situation qui s’éternise
Au-delà du chiffre d’affaires perdu, cette situation soulève d’autres problématiques, comme le souligne Odile Nonat, Directrice Retail Europe, Intelligent Analytics chez NielsenIQ « Non seulement les enseignes peuvent perdre une part importante de leurs ventes si les produits ne sont pas en rayon, mais les ruptures de stock entraînent également une moindre satisfaction de la clientèle et une baisse de leur fidélité, indique la spécialiste. Nos analyses montrent en effet que 30% des clients se rendent dans de nouveaux magasins lorsqu'ils ne trouvent pas ce qu'ils cherchent, et que 70% achètent une autre marque lorsqu'un produit recherché est en rupture de stock."
Si un an après, on pourrait penser que ces épisodes de ruptures sont révolus, il n’en est rien. Alors que vient de débuter un troisième confinement, de premiers signes de ruptures sont en effet visibles sur certaines familles de produits. Et cela pourrait encore s’accentuer, notamment sur les liquides. « Avec les beaux jours, le déconfinement à venir et l’accélération des vaccinations, les Français vont plus que jamais aspirer à socialiser et à retrouver familles et amis. Différents facteurs qui vont exercer une pression sur des catégories comme les produits pour barbecue, les vins rosés, les alcools, la crème solaire, les boissons rafraîchissantes, prévient Laurent Beneditti, directeur analytique programmes collaboratifs chez NielsenIQ. Mettre en place les bons modèles analytiques et des approches collaboratives pour éviter les ruptures de stock sera une nouvelle fois essentiel pour que les enseignes et les marques ne passent pas à côté de millions d’euros de ventes potentielles. »