Le 25 novembre dernier à l'occasion des journées de l'Institut Français du Merchandising (IFM), Michel-Edouard Leclerc a affirmé que le groupement qu'il préside a l'ambition de réaliser 10 % de ses ventes d'ici 2020 sur Internet contre 6 % aujourd'hui. Décryptage d'une mutation radicale...

Michel-Edouard Leclerc ne dit jamais rien par hasard. Et ses déclarations du 25 novembre dernier à l'occasion de la méritent que l’on s’y intéresse. Surtout quand le président des Centres Leclerc avoue sa fascination pour "la mutation rapide de Lidl. Un cas d'école qui peut nous inspirer." N'allez pas croire que Leclerc envisage de raser une partie de son parc de magasins pour en reconstruire de nouveaux ou qu'il va investir en part de voix publicitaire l'équivalent de trois fois sa part de marché ! "La mutation rapide" évoquée par MEL est d’ordre multi-canal. Il s'agit d'anticiper l'explosion commerciale sur internet et d’éviter les mêmes erreurs que Wal-Mart. Lequel avait minimisé la menace d'Amazon sur le marché américain. Pour parer à cette "sérieuse concurrence", Leclerc est en train de multiplier les initiatives. Comme révélé par Rayon Boissons le 18 novembre ( lire ici), l'enseigne s'essaie en ce moment à la livraison à domicile pour les vins achetés en ligne. L’observateur que je suis y voit davantage une mise en bouche avant de déployer ce service aux livres ou aux multimédias. "Il nous faut répondre à la demande des consommateurs dans les grandes métropoles où nous sommes peu présents", a simplement justifié MEL. En revanche, il a officiellement annoncé le lancement prochain de sites de vente en ligne pour l'optique ou la parapharmacie. Il a également évoqué que Leclerc Drive pourrait accueillir une marketplace. A l'instar de Cdiscount ou d’Amazon, l'enseigne entend ainsi tirer partie de la fréquentation de ses drives pour héberger des offres complémentaires pilotées directement par des producteurs ou des industriels. Avantage : il étend ainsi ses assortiments sans perturber la logistique de ses points de retrait.
La galaxie Leclerc veut se positionner très vite comme une alternative crédible à Amazon et à ses 1,7 million de visiteurs uniques chaque jour. L'ambition est que le digital représente 10 % du chiffre d'affaires du groupement d'ici 2020 contre 6 % en 2015. L'essentiel reposant pour l’instant sur les 2,4 milliards d'euros réalisés par le drive. Michel-Edouard Leclerc l’a toutefois promis. Le virage multi-canal ne se fera pas au détriment de l'attractivité des hypermarchés. Histoire sans doute de rassurer les adhérents inquiets par une mutation aussi radicale.