Conflit commercial
Leclerc vs Coca-Cola : la fin de partie bientôt sifflée
Alors que la Coupe du monde de football démarre aujourd’hui, les magasins Leclerc doivent toujours se priver de Coca-Cola made in France avec son lot d’opérations à la gloire de la compétition et des Bleus. Michel-Edouard Leclerc, qui s'est confié à Rayon Boissons, prône toutefois l'apaisement dans ce conflit qui dure depuis plus de trois mois.
Un samedi après-midi dans un Leclerc de la côte atlantique, un père de famille pousse son chariot accompagné de ses deux enfants. Il interpelle le responsable liquides de l’hypermarché qui s’affaire au rempotage du rayon soft-drinks. Le client se plaint de l’absence de Coca-Cola. Le salarié du magasin revient sur les raisons du désaccord avec le fournisseur et lui suggère de prendre du Jeans Cola à la Marque Repère, du Pepsi ou du Breizh Cola. Le discours est rôdé mais rien n’y fait. Le couperet tombe. « Non, je vais aller au Lidl d’en face acheter mon Coca », tranche le père famille mécontent.
Cette scène illustre le malaise qui sévit chez Leclerc depuis la rupture des relations commerciales avec Coca-Cola en mars dernier. Un malaise renforcé avec les pertes de parts de marché de l’enseigne sur le premier semestre 2018. La raison invoquée de ce recul historique relevé par Kantar Worldpanel sur cinq périodes consécutives ? Une attractivité promotionnelle moins forte. En la matière, l’absence de Coca-Cola n’arrange pas les choses. Surtout à l’orée de la Coupe du monde de football. Leclerc devant se résoudre à ne pas profiter des opérations promotionnelles de la marque de soda partenaire officiel de la Fifa.
Ce ne sont pas les approvisionnements parallèle sporadiques depuis l’Europe de l’Est qui vont étancher la soif des consommateurs. « Dans cette histoire, tout le monde y perd », regrette un adhérent. Leclerc se prive en effet de la première marque de boissons. Près de trois quarts des foyers français en achètent. De son côté, Coca-Cola European Partners se passe dans l’Hexagone de 20 % de son business dans la grande distribution alimentaire. Et ce, alors même que l’industriel pousse en ce moment le déploiement de Fuze Tea, sa nouvelle marque de thés glacés.
Les deux protagonistes sont conscients de la nécessité de sortir de la crise. « Nous discutons avec Coca-Cola en ce moment », reconnaît un adhérent membre du GT liquides. Même Michel-Edouard Leclerc semble prôner l’apaisement. « Le tribunal a nommé un médiateur pour avancer dans ce différend commercial. Personne n’a intérêt à ce que le conflit se prolonge », a confié à Rayon Boissons le président de l’enseigne en marge de la présentation foire aux vins qui s’est déroulée le 12 juin dernier. Tout en prenant soin de rappeler que « la position de Leclerc à s’opposer à la hausse de prix que voulait faire passer Coca-Cola était fondée. Nous sommes deux belles entreprises, il faut que les choses se règlent. A l’heure actuelle, quand il y a du Coca-Cola dans les magasins Leclerc, c’est encore du parallèle. Nos adhérents n’ont pas cédé à la pression, nous avons été cohérents et nous avons conforté notre leadership sur la question du pouvoir d’achat. » Avant d’assurer qu’ « il n’y a pas eu beaucoup de consommateurs à se manifester vis-à-vis de l’absence de Coca-Cola. » Vraiment ?
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