A quelques jours des foires aux vins d'Aldi, Rayon Boissons dresse le portrait de Dominique Laporte, la caution vin de l'enseigne. Le meilleur sommelier de France explique pourquoi il s'emploie à valoriser les vins vendus par le hard-discounter.

Ils étaient faits pour s’entendre. Quand l’un entame une démarche de valorisation, l’autre ressent le besoin de faire partager sa passion au plus grand nombre. Depuis les foires aux vins de printemps 2015, Aldi France et Dominique Laporte ont un objectif commun : développer les ventes de la catégorie.

Si le petit monde de la sommellerie parisienne pense qu’il a vendu son âme au diable, celui qui a remporté de multiples titres n’en a que faire. Mieux, il s’en défend avec un argumentaire aussi sincère que bien rodé. « J’ai fait le constat que 80 % des vins sont vendus dans le réseau de la grande distribution, explique Dominique Laporte. Mon but étant de conseiller un maximum de consommateurs, il est pour moi impossible d’ignorer ce circuit. » Et quand on lui demande si cautionner des bouteilles à 3 € n’est pas trop éloigné des étiquettes de prestige qu’il pourrait servir sur les plus belles tables, la réponse est encore plus savoureuse. « Il n’y a pas de petits ou de grands vins, il y a simplement des vins adaptés à différentes situations, avance celui qui a officié dans les plus beaux établissements à Paris et à Londres. Et je peux vous affirmer que les assortiments des grandes surfaces répondent à des instants de consommation beaucoup plus variés que ceux présents sur les cartes de restaurants. »

Adoubé par Pascal Pobé

Après un essai sans lendemain avec Intermarché en 2013, c’est donc avec Aldi que Dominique Laporte va trouver le moyen de s’adresser au plus grand nombre. La société BBC Vins et Spiritueux, avec laquelle il collabore pour l’élaboration d’une cuvée, va servir d’entremetteur auprès de l’ancien patron des achats Pascal Pobé, aujourd’hui décédé. Ce dernier, qui, avec ses collègues, qualifiait Dominique Laporte « de gars sympa avec une bonne tête qui n’a pas le melon », va sceller le partenariat en 2014. Depuis, le rôle du sommelier ne cesse de grandir. « J’interviens sur la totalité des références retenues pour les foires aux vins, explique Dominique Laporte. Les acheteurs réalisent un premier tour en fonction de leurs unités de besoin et je valide ou pas les produits sur le plan qualitatif. L’enseigne me fait totalement confiance. »

Si le quadragénaire a déjà goûté des milliers de vins durant sa carrière, il s’enthousiasme des découvertes qu’il fait avec Aldi. « Nous avons proposé l’an dernier un rosé en IGP Méditerranée à 1,99 € en magasins, il en valait au moins trois fois plus. » Une démocratisation dont il se fait volontiers l’ambassadeur. « Faire du vin un produit élitiste et cher a pour effet de laisser de la place à la concurrence, à commencer par les bières », poursuit-il. Celui qui a initié pour Danone le plan « eaunologie » afin d’accorder les marques Badoit et Evian avec des recettes sait de quoi il parle.

Pour défendre la catégorie, Dominique Laporte est d’ailleurs en train de remettre le bleu de chauffe afin de reprendre la compétition, lui qui n’a plus concouru depuis 2004. Cette année-là, il était arrivé troisième au championnat d’Europe derrière Andreas Larsson (caution de Leclerc) et Paolo Basso (caution de Carrefour), devenus depuis meilleurs sommeliers du monde. Dominique Laporte a confié vouloir les imiter et viser le prochain concours mondial prévu en Belgique en 2019. L’égérie d’Aldi aime les challenges.

Frédéric Guyard