Philippe Coutin a pris la tête de la filiale française de Pernod Ricard le 1er juillet 2019 (photo DR)

Rayon Boissons : Quel bilan tirez-vous de ces derniers mois ?

Philippe Coutin : « Nous avons fait face à la crise avec détermination. Nous avançons dans un contexte difficile. Si en 2020 nous avons atteint globalement nos objectifs, les perspectives pour 2021 sont encore incertaines. Cette crise est également pour nous l’opportunité de nous développer sur les nouveaux canaux de distribution : le drive et le e-commerce. Nous y réalisons d’excellentes performances. Malgré cela, tout un pan de notre activité a été contraint de s’arrêter. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’intégralité de la consommation en CHR et discothèques ne s’est pas reportée en grande distribution ou en e-commerce. »

RB : D’un point de vue opérationnel, qu’est ce qui a changé avec la fusion de Pernod et Ricard ?

P.C. : « Nous voulions être plus performants, plus rapides, plus proches. L’expérience opérationnelle et la qualité du service clients sont nos priorités pour cette année. Dans les faits, nous avons modifié notre organisation commerciale autour de quatre canaux, un pour la grande distribution, un pour le hors-domicile, un pour le e-commerce et un dénommé prestige pour nos marques haut de gamme. Tout n’est pas encore parfait mais nous y travaillons. Un leader se doit d’être exemplaire dans l’exécution. Je pense par exemple à la digitalisation des équipes commerciales, à la simplification des process, à une meilleure utilisation de la data pour analyser avec nos clients la performance de nos actions. Nous voulons aller encore plus loin dans l’excellence. »

RB : Quel regard portez-vous sur la grande distribution, qui représente 80 % de vos votre chiffre d’affaires ?

P.C. : « C’est un circuit qui se renouvelle sans cesse, qui a su réinventer l’expérience du client, répondre aux attentes des consommateurs pour plus de proximité, plus de e-commerce, plus de choix et d’offres premium, avec un souhait de privilégier l’ancrage local, les circuits courts, le made in France et la RSE. Ce sont des ambitions que nous partageons et qui nous animent également au quotidien. »

RB : Les relations commerciales avec les distributeurs se sont-elles apaisées ?

P.C. : « Les négociations annuelles sont toujours complexes dans un contexte déflationniste et des challenges constants sur la pérennité de nos référencements. Comme toujours, mais peut-être encore plus cette année, nous nous sommes appuyés sur nos marques, nos hommes et femmes ainsi que nos convictions. Nos équipes ont de l’expérience et les synergies ont parfaitement fonctionné. »

RB : Selon vous, à quoi ressemblera le marché après la crise ?

P.C. : « Il est encore trop tôt pour avoir une idée précise mais nous savons d’ores et déjà que le canal hors-domicile sera fragilisé. Comme nous, les consommateurs attendent de pouvoir se retrouver pour vivre ensemble leurs moments de convivialité. Le retour à la vie normale sera l’occasion pour nous de réinventer avec eux une convivialité nouvelle, plurielle. Les grandes tendances à venir tourneront autour de trois axes selon nous : consommer moins mais mieux ; l’exigence de plus de qualité et de naturalité ; la recherche de l’authentique, du local, du « made in France ». Nous savons aussi que les consommateurs sont particulièrement sensibles aux marques engagées. Pour nous, il n’y a pas de convivialité sans responsabilité. »

Retrouvez le portrait de Philippe Coutin dans le prochain numéro de Rayon Boissons.