Décryptage
Comment Pernod Ricard peut dépasser Diageo ?
L’actuel N°2 international des alcools Pernod Ricard envisage plus que jamais de prendre le leadership mondial du secteur devant son rival Diageo. Pour y parvenir, et combler un milliard d’euros de retard, le groupe français doit réaliser une acquisition d’envergure. Qu’il s’agisse de la tequila Jose Cuervo, d’une partie du portefeuille du groupe Beam ou de sociétés implantées dans les pays émergents…
Rien n’est fait. Mais la piste mexicaine de Jose Cuervo semble sérieuse. En marge de la présentation des résultats semestriels de Pernod Ricard hier à Paris, Pierre Pringuet a admis que son groupe s’intéressait potentiellement au leader de la tequila et à ses 60 millions de litres. « Nous sommes ouverts à des discussions avec Jose Cuervo », a indiqué le directeur général de Pernod Ricard. D’autant plus que le roi de la tequila a l’air de chercher un partenaire. Ou plutôt un acquéreur. Il y a encore quelques mois, Jose Cuervo était d’ailleurs en discussion avancée pour être racheté par le britannique Diageo, le N°1 mondial des alcools. Ironie du sort, c’est peut être Pernod Ricard qui emportera finalement le morceau !
Car Pernod Ricard devra un jour ou l’autre réaliser un gros coup pour dépasser son principal concurrent Diageo. C’est sa volonté affichée à court, moyen ou long terme... « Pour y parvenir, nous avons une feuille de route qui passe par des acquisitions à la fois tactiques et stratégiques. Mais on ne donne pas le détail du parcours », insiste Pierre Pringuet pour brouiller les pistes.
Reste qu’il faudra au géant français des alcools réaliser un milliard d’euros de ventes supplémentaires pour devenir le champion absolu dans son domaine. Si le chiffre d’affaires annuel de Pernod Ricard tend à se rapprocher des neuf milliards d’euros, celui de son rival britannique avoisine lui les 10 milliards d’euros rien que sur les vins et spiritueux. Le « business » de Diageo grimpe même vers les 13 milliards d’euros grâce à son pôle bière, dont sa célèbre Guinness.
Et difficile de faire la différence en termes de dynamisme commercial : les deux groupes progressent actuellement à la même vitesse. Pernod Ricard comme Diageo ayant vu leurs ventes gagner de + 5 % à + 6 % au second semestre 2012, période correspondante au premier semestre de leur exercice 2012/2013. Les deux majors des spiritueux profitant ensemble de l’essor des pays émergents et atteignent de bons niveaux de rentabilité grâce à la montée en gamme de leur portefeuille.
A moins qu’au lieu de viser la tequila Jose Cuervo, le propriétaire de Ricard, Ballantine’s, Chivas Regal ou encore de Jameson ne convoite le portefeuille du groupe américain Beam. Lequel comprend aussi une tequila avec Sauza mais aussi les bourbons Jim Beam et Maker’s Mark. La direction générale de Pernod Ricard ne commente pas. Sans oublier que de belles affaires restent à réaliser en Asie ou en Afrique en rachetant des acteurs locaux pour gagner de la part de marché et s’emparer de précieux réseaux de distribution. Des initiatives qui apparaissent alors certes plus tactiques que stratégiques.