Styliste, designer et créateur de séries limitées pour 1664
Christian Lacroix : « Je m’inspire du décor qui m’entoure quand je bois un verre de bière »
Voilà deux ans que vous réalisez des éditions limitées pour la marque de bières 1664. Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter ce partenariat ?
C.L. Ce partenariat est né d’une bonne conjonction de facteurs. Jérome Puch*, qui s’est occupé de la communication haute couture de Christian Lacroix par le passé, m’en a parlé. Il savait que j’étais un buveur de bière. Il m’a mis en relation avec l’agence Fred & Farid qui a géré la campagne de pub 1664 sur le goût à la française. Ça a facilité les choses. J’ai trouvé ça sympathique parce que les contraintes sont stimulantes. Et puis, faire des dessins, c’est ce que j’aime le plus au monde. Je passe mon temps à dessiner.
Concrètement, justement, en quoi vous engage ce partenariat ? Et, à l’inverse, quelles sont vos exigences ?
C.L. Notre collaboration est simple. L’agence m’envoie un brief. La première année, il était tourné vers le goût à la française. Pour la deuxième édition, il était différent, plus orienté vers la convivialité, le soleil. Alors, je leur donne en retour plein de dessins, trente, cinquante peut-être même. Je fais tout sur tablette ou sur ordinateur. Je n’utilise plus du tout le crayon. L’équipe de 1664 fait ensuite sa sélection et les appose sur des objets qu’on a validé ensemble, les packs, les sous-bocks, les verres, les plateaux, etc. Parfois, je refuse des choses. Parce que je suis garant du dessin, pas de l’objet. Cette année, par exemple, j’ai redesigné un set de pétanque aux couleurs de 1664. C’est sympathiquement fait, c’est ludique.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la marque 1664 ?
C.L. Les couleurs de la marque m’aident assez puisqu’elles correspondent à celles du drapeau français. Le produit, sa mousse, son environnement, m’évoquent aussi des choses. Théâtraliser est mon nouveau boulot depuis que je ne fais plus de haute couture ! Alors je m’inspire du décor qui m’entoure quand je bois un verre de bière. Je m’inspire aussi beaucoup des dessins de Kheog dont les affiches, les couvertures de magazines m’ont marqués étant jeune. Et puis, je m’appuie sur l’esprit de la marque 1664, qui est un accord entre l’élégance française et le chic populaire.
Vous n’en êtes pas à votre coup d’essai dans les boissons. Vous avez déjà « rhabillé » la Suze en 2002 et 2003, Evian en 2008, Chivas en 2009. Toujours sur le même principe ?
C.L. Non, parce qu’à l’époque de la haute couture je ne choisissais pas vraiment mes partenariats. Alors que depuis 2010, je me suis recentré sur mes activités hors-mode. Et là, je suis maître de mes choix. Entre les deux, j’ai signé pas mal de projets, c’est vrai. J’y ai pris plus ou moins de plaisir selon les marques. Par exemple, j’ai adoré redesigner la bouteille d’Evian !
Finalement, on retrouve dans ce partenariat votre passion pour le décor qui se matérialise aujourd’hui par le design d’hôtels, de trains, de costumes et de décors de théâtre ou d’opéra ...
C.L. Oui, comme je ne peux plus toucher à la mode, ni au mobilier ou à la papeterie puisque ma marque ne m’appartient plus dans ces domaines, je me suis concentré sur les costumes et les décors. Je reviens à mes premiers amours. Quand j’ai commencé, je voulais faire du théâtre, pas de la haute-couture !